Le beau et l’imparfait… l’effort et la maladresse

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Ce nuancier de jaunes m’émerveille à chaque fois que je le vois ; souvent je fais des détours au Havre pour passer devant ce beau bâtiment et regarder la symphonie des stores jaunes, ouverts, fermés, à moitié. Je suis sûre qu’il y a quelque part une charte, que le syndic a donné une consigne, une référence RAL probablement, un jaune particulier à respecter pour l’harmonie des stores, pour l’uniformité des jaunes. L’intention est louable, nous faisons la même chose dans les chartes graphiques. Puis la vraie vie s’en empare, et nous arrivons à un camaïeu de jaunes époustouflant, à une parfaite imperfection ; des designers auraient voulu le faire, ils n’auraient jamais réussi aussi bien. Cette fascinante beauté me fait réfléchir au bénéfice de la perfection et au brillant potentiel de l’imperfection. De plus en plus souvent, je pense qu’il est intéressant d’accueillir l’imperfection et parfois même de l’embrasser, je découvre que l’imperfection aussi peut produire de belles choses, révéler des beautés insoupçonnées, nous surprendre, être remplie d’humanité, peut être comme les dessins d’enfants d’ailleurs ; ce serait alors une imperfection remplie d’efforts (et de maladresse) pour y parvenir, car évidemment l’imperfection liée à la négligence et la paresse rarement séduit, quoique ?! Les gens sont souvent plus beaux quand ils sont naturels et quand ils ne cherchent pas à se faire beaux… La limite ou le piège à éviter est assurément l’imperfection travaillée, cultivée exprès, comme un meuble faussement usé qui sonne mal. Bref ! Ce bel hasard console et nous fait réfléchir, nous, maniaques du contrôle et toujours tellement contrariés quand « nos » chartes sont mal appliquées…