Après mes deux points empruntés à Frédéric Teschner en 2011, c’est dans une affiche d’Ostengruppe, une jolie équipe de graphistes russes à l’énergie et à l’humour grave extraordinaires, que je retrouve cette année « mes » deux points. Deux points chargés d’un regard et doués de parole. Il est intéressant de voir que les affiches de ce Studio Moscovite sont à la fois très différentes et très proches des créations graphiques françaises ou hollandaises. Je reconnais des usages de couleurs, de typographies, de traitements photographiques, d’illustrations, d’astuces de mise en page. Comme si le monde global nous avait rapprochés pour le meilleur, ou comme si la culture professionnelle était finalement plus forte que toutes les autres, nationales ou personnelles.
J’étais également ravie de découvrir l’ampleur du travail réalisé par Evelyn Ter Bekke et Dirk Behage pour le Théâtre de la Colline. Une belle démonstration de la force d’un style graphique, appliqué sur les affiches et programmes. Je me souviens avoir été très nostalgique quand le logo en escalier a été abandonné. Aujourd’hui je comprends mieux pourquoi (même si je reste nostalgique !).
Quant aux Graphiquants, leur exposition géométrique, sensible, tellement épurée que le texte et la typographie ont disparu, invite à méditer sur la frontière délicate entre design graphique et oeuvre d’art, et sur les conséquences pratiques du « graphisme d’art »… En effet, peut-on encore parler de design graphique quand il n’y a, semble-t-il, plus de texte ni de commanditaire ?
En tous les cas, c’est décidé, désormais je boude Chaumont, et c’est au Havre que j’admire les affiches. L’évolution au fil des saisons est volontaire et l’avenir prometteur.